10 mai - Journée nationale de commémoration de la traite, de l'esclavage et de leurs abolitions

Mis à jour le 09/06/2023

En France, depuis 2006, le 10 mai est la "journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l'esclavage et de leur abolition". Retour en cinq questions sur les travaux et les lieux qui permettent de poursuivre la réflexion sur l'histoire de la traite et de l'esclavage.

Pourquoi une cérémonie à l'Isle-de-Noé ?

L'Isle-de-Noé est une commune marquée par l'histoire de l'abolition de l'esclavage et connue pour son château, devenu une propriété communale en 1975.

Auparavant, ce lieu appartenait à la famille des comtes de Noé. Toussaint Louverture fut avec sa mère esclave sur une plantation de l’île de Saint-Domingue possédée par les comtes de Noë : c’est dans leur plantation qu’il a été affranchi.

Toussaint Louverture est une figure historique des mouvements anticolonialistes et d'émancipation des Noirs. Il créa les conditions de l'indépendance de Saint-Domingue et fut le premier général noir de l'histoire.

Il instaura, également, un régime autonome dans l'île avec la mise en place de la première constitution en 1801 qui le fit gouverneur à vie de Saint-Domingue.

Arrêté en 1802, l'année où Bonaparte rétablit l'esclavage, Toussaint Louverture termina sa vie au fort de Joux, dans le Doubs et mourut d'une pneumonie le 7 avril 1803.

Que commémore-t-on le 10 mai ?

Le 10 mai marque la journée des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et leur abolition. Après la découverte de l'Amérique par les Européens en 1492, du XVe au XIXe siècles, plus de 11 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont été capturés en Afrique,transportés à travers l’Atlantique et réduits en esclavage pour travailler dans des conditions très dures au sein d'exploitations coloniales en Amérique.

Le 10 mai, des cérémonies sont organisées par les préfets en lien avec la Fondation pour la mémoire de l'esclavage. 

C’est aussi une journée de réflexion civique sur le respect de la dignité humaine et la notion de crime contre l’humanité, notamment au sein de l’Éducation nationale.  

Afin de poursuivre la réflexion sur l’histoire de l’esclavagisme, il existe différents projets nationaux et locaux dont les travaux sont valorisés le 10 mai. C’est le cas par exemple du concours scolaire La Flamme de l’égalité co-organisé par le ministère des Outre-Mer et la Fondation pour la mémoire de l'esclavage.

Pourquoi avoir choisi la journée du 10 mai ?

La journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition existe depuis 2006. La date du 10 mai a été choisie par le président Jacques Chirac, sur proposition du Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage (CNMHE) alors dirigé par l’écrivaine Maryse Condé.

Cette date symbolique fait référence à la date d’adoption par le Sénat du texte définitif de la loi Taubira du 21 mai 2001.

Que contient la loi Taubira du 21 mai 2001 ?

La date du 10 mai commémore l’adoption de la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité du 21 mai 2001, aussi appelée "loi Taubira" du nom de l’ancienne ministre de la justice. 

Par cette loi, la République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques, aux Caraïbes et dans l'océan Indien contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.

De même, elle prévoit qu’une place conséquente soit accordée à la traite négrière et à l’esclavage dans les programmes scolaires ainsi que dans les programmes de recherche en sciences humaines et en histoire. Enfin, elle prévoit qu’une demande de reconnaissance comme crime contre l’humanité soit déposée auprès de différentes organisations internationales.

Quelles sont les autres dates de commémoration de l'abolition de l'esclavage en France ?

Différentes journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage sont reconnues sur le territoire français.

Cette diversité reflète la complexité et les particularités locales de l’histoire de l’esclavage dans les départements et régions d’outre-mer français (DROM). Bien que le décret Schoelcher abolit en théorie l’esclavage le 27 avril 1848, la situation politique et sociale des esclaves éloignés de la métropole ne changent pas. Ainsi, ces dates historiques correspondent à l’anniversaire de l’abolition réelle de l’esclavage dans les DROM. 

  • le 27 avril à Mayotte ;
  • le 22 mai en Martinique ;
  • le 27 mai en Guadeloupe ;
  • le 10 juin en Guyane ;
  • le 20 décembre à la Réunion.

La loi du 30 juin 1983 reconnaît ces journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage comme des jours fériés locaux. 

La Fondation pour la mémoire de l'esclavage, qui a remplacé le CNMHE, assure la coordination du mois des Mémoires (du 27 avril au 10 juin et le 20 décembre à La Réunion) dans lequel s'inscrit la journée nationale du 10 mai.

En France, le 23 mai est également une journée nationale en mémoire des victimes de l'esclavage.

Quelles sont les journées internationales

Depuis 1949, le 2 décembre est internationalement reconnu comme la journée internationale pour l’abolition de l’esclavage. Elle commémore l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui

De même, une journée internationale de commémoration a été initiée par l’Unesco le 23 août 1998. Elle fait référence notamment à la révolte d’esclaves du 22 au 23 août 1791 à Saint-Domingue, qui a mené à l’indépendance de la République d’Haïti.

Télécharger le discours du Président de la République au fort de Joux PDF - 0,35 Mb - 12/05/2023